• Le dimanche 06 avril 2008

    Vestibulodynie: des solutions multidisciplinaires
    Charles Meunier
    La Presse
    Collaboration spéciale

    La clientèle de Julie Larouche, psychologue clinicienne, compte bon nombre de femmes à qui la vestibulodynie complique la vie. «Il n'est pas rare, dit-elle, que le SVD soit la cause d'une baisse significative du désir sexuel. Il engendre également des conflits dans le couple. L'humeur change. L'anxiété prend beaucoup de place.» Autant de facteurs qui peuvent conduire à l'échec amoureux, confirme-t-elle.

    «Si je vois une patiente seule, c'est qu'elle a connu un échec amoureux. Elle est doublement traumatisée. Elle souffre physiquement et, en plus, elle se sent «défectueuse». Si je reçois un couple, c'est qu'il éprouve de la difficulté à communiquer de manière efficace. Quand le couple est formé par des jeunes, il arrive que le partenaire fasse preuve d'une grande compréhension et s'accommode de relations sexuelles sans pénétration.» C'est le problème de l'évitement de la relation sexuelle. Plus nombreux qu'on ne pourrait le croire, ces couples consultent lorsqu'ils désirent avoir des enfants.

    Julie Larouche est du même avis que sa collègue Sophie Bergeron. Elle collabore sur une base régulière avec des gynécologues et des physiothérapeutes à qui elle recommande ses patientes. Si le SVD est diagnostiqué suffisamment tôt et qu'il n'a pas encore entraîné de complications dans le couple, la spécialiste recommande alors souvent l'approche «physiothérapeutique». «Et si, en cours de route, on décèle des problèmes de blocage, des inquiétudes ou du stress majeur, alors là, j'interviens à nouveau.»

    Des besoins spécifiques
    De retour de France où elle a prononcé une conférence sur l'approche physiothérapeutique du SVD, Claudia Brown, à l'instar de Sophie Bergeron et de Julie Larouche, insiste sur les vertus d'une démarche multidisciplinaire adaptée à la situation et aux besoins de chacune.

    Une fois le diagnostic du SVD établi par un médecin, la physiothérapeute, une femme compte tenu de la nature de l'intervention, fait appel à une technique connue sous le nom de rééducation pelvienne et périnéale.

    «Ce syndrome, explique Claudia Brown, occasionne une douleur au moment de la pénétration. Cette douleur engendre de l'anxiété qui, à son tour, produit une tension qui augmente la douleur. Notre rôle consiste à briser ce cercle.»

    Par des exercices d'étirement et diverses techniques de désensibilisation, la patiente parvient à mieux contrôler et à relaxer sa musculature. Il faut compter de 10 à 12 traitements chez la physiothérapeute. Et le taux de réussite? «Incroyablement bon, assure Claudia Brown. Plus de 70% des femmes qui ont recours à la physiothérapie pour contrer le SVD se disent entièrement satisfaites du résultat.»

    Dernier recours: la chirurgie
    Le Dr Bernard Lambert est chirurgien gynécologue à l'Hôtel-Dieu du CHUM. Il a près de 150 vestibulectomies à son actif. Il est l'un des rares chirurgiens à pratiquer ce type d'intervention au Québec, ce qui lui vaut d'avoir des patientes de tous les coins de la province.

    «J'interviens en dernier recours, lorsque la psychothérapie et la physiothérapie se sont montrées impuissantes à régler le problème et qu'une intervention chirurgicale est indiquée. Dans 90% des cas, la douleur disparaît. Parfois, on note une légère baisse du plaisir sexuel, mais on n'en connaît pas la cause.»

    La vestibulectomie consiste à exciser la partie douloureuse du vestibule et à retirer l'hymen. Chirurgie mineure, elle n'en commande pas moins une anesthésie générale. Elle dure une demi-heure tout au plus et la patiente retourne chez elle le jour même. Les complications sont très rares. Le Dr Lambert recommande des bains de siège trois jours après l'opération et interdit formellement les relations sexuelles avec pénétration durant trois mois. Il suggère également à ses patientes de retourner en physiothérapie quatre fois par semaine durant six à 10 semaines. «Cela permet de relancer la machine, dit-il. Si ces femmes ont des relations sexuelles trop tôt, elles ressentiront des douleurs qui engendreront, à coup sûr, une baisse de libido.»

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  • Toute une vie sexuelle compromise
    Charles Meunier
    La Presse
    Collaboration spéciale

    Près d'une jeune Québécoise sur quatre éprouverait des douleurs pendant les relations sexuelles. Le chiffre peut surprendre, mais selon une récente recherche menée par le Laboratoire d'étude de la douleur gynécologique de l'UQAM, auprès de plus de 1400 jeunes Québécoises de 12 à 19 ans qui fréquentent des écoles secondaires de la région de Montréal, 14 à 23% d'entre elles disent éprouver des douleurs pendant leurs relations sexuelles.

    Le syndrome de la vestibulodynie (SVD), est l'une des causes les plus fréquentes de douleurs lors des relations sexuelles chez les femmes de moins de 40 ans. Une autre étude épidémiologique, américaine celle-là, estime ce pourcentage à 21% chez les femmes de moins de 30 ans. Ce pourcentage varierait entre 10 à 15% chez les femmes de plus de 30 ans.

    Toutes catégories d'âge confondues, 50% des femmes touchées souffrent de la forme primaire du SVD: la douleur est présente depuis la première relation sexuelle. L'autre moitié est atteinte par la forme secondaire ou acquise: ces femmes ont eu des relations sexuelles non douloureuses avant que le syndrome n'apparaisse à la suite de facteurs aggravants comme des infections vaginales à répétition, des infections urinaires, etc.

    Les femmes avec le SVD ressentent une douleur localisée à l'entrée du vagin (le vestibule vulvaire) lorsqu'elles ont des relations sexuelles ou encore lors de l'insertion d'un tampon hygiénique, d'examens gynécologiques, voire quand elles font de la bicyclette. Chez certaines d'entre elles, la douleur et l'inconfort persistent après les relations sexuelles. Pour diagnostiquer le SVD, le gynécologue applique une pression autour du vestibule vulvaire à l'aide d'un coton-tige. C'est un examen douloureux.

    Les causes de ce syndrome restent nébuleuses. Plusieurs professionnels de la santé sont d'avis que le SVD résulte d'une combinaison de facteurs. Mais les contraceptifs oraux sont montrés du doigt. «L'usage de contraceptifs oraux à un jeune âge et de façon prolongée est un facteur de risque dans l'apparition de la vestibulodynie», explique Sophie Bergeron, professeure agrégée au département de sexologie de l'UQAM et psychologue clinicienne au service de thérapie sexuelle et de couple du Centre universitaire de santé McGill. Prescrits à de nombreuses jeunes femmes avant l'âge de 16 ans, les anovulants fragilisent la muqueuse vaginale. Mais il semble que les causes peuvent varier d'une femme à l'autre. Elles peuvent être physiologiques, musculaires et psychologiques. C'est sans doute ce qui explique la diversité des démarches thérapeutiques.

    Agressions sexuelles et psychologiques
    Comme le fait remarquer Sophie Bergeron, on ne sait pas si les aspects psychologiques du dérèglement en sont la cause ou la conséquence. Il est vrai que beaucoup d'études démontrent que les femmes qui souffrent du SVD ressentent de la détresse psychologique. Elles sont anxieuses et déprimées. Mais ces recherches ne permettent pas d'établir de relations de cause à effet. «De notre étude auprès des jeunes Québécoises, deux facteurs psychologiques sont ressortis. D'une part, les jeunes filles qui ressentent de la douleur souffrent d'anxiété et, d'autre part, plusieurs d'entre elles ont été victimes d'agressions sexuelles et psychologiques.» Un épidémiologiste de Harvard a mené le même genre d'étude et il en vient à la même conclusion. Les femmes qui ont été victimes de violences sexuelles sont plus à risque en ce qui a trait aux douleurs vaginales, dont la vestibulodynie.

    L'anxiété pourrait-elle avoir été générée par la peur d'une relation sexuelle? On ne le sait pas avec certitude. D'un côté, l'anxiété peut être un facteur prédisposant. De l'autre, ressentir de la douleur durant une relation sexuelle génère de l'anxiété. «Surtout, comme le souligne Sophie Bergeron, lorsque l'anxiété provient d'une partie du corps encore taboue. Il est plus difficile de parler du SVD à son médecin que d'un mal de tête.»

    À ce propos, la chercheuse note que même si leur nombre a diminué, bon nombre de médecins généralistes ne seraient toujours pas au fait de ce dérèglement. «Nos études démontrent que les femmes doivent consulter de quatre à cinq médecins avant d'être dirigées vers un spécialiste, signale Mme Bergeron. Elles se font dire: «On ne trouve rien. Le problème est dans votre tête.» Sans oublier qu'il est difficile d'obtenir un rendez-vous auprès d'un gynécologue. Inutile de dire que ce parcours de la combattante augmente le niveau d'anxiété.»

    Dans le traitement du SVD, Sophie Bergeron favorise une démarche multidisciplinaire, qui met à profit l'expertise des gynécologues, des psychologues et des physiothérapeutes (voir autre texte en page 2).

    Le Laboratoire d'étude de la douleur gynécologique de l'UQAM est à la recherche de couples dont la femme souffre de vestibulodynie. On peut téléphoner au 514-987-3000 poste 2102.

    Des produits inefficacesDans l'arsenal thérapeutique destiné à soulager le SVD, on retrouve, entre autres, des antidépresseurs, des gels à base de lidocaïne et des crèmes à base de stéroïdes. Ces corticostéroïdes topiques, selon une étude menée par Sophie Bergeron et qui sera publiée sous peu, seraient inefficaces. Néanmoins, ils continuent d'être prescrits par des médecins et des gynécologues qui ne sont pas au fait de cette étude. «La psychothérapie fonctionne nettement mieux», conclut Sophie Bergeron.

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  • En surfant sur le net, je suis tombée sur le programme d'un congrès de gynécologues... La rubrique : "pathologie de la vulve" va t elle penser à nous les femmes qui souffrons de maladies vulvo-vaginales???
    Et oui de la vulvodynie.... Lire le résumé sur le lien suivant :

    Programme du congrès Gynazur 2008


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  • Quand l’amour fait mal... Nombreuses sont les femmes à souffrir durant et après un rapport sexuel et ce, sans qu’il y ait d’infection ou d’allergie, et malgré un bilan gynécologique parfait. Et si la vestibulite était responsable ?

    C'est quoi, la vestibulite ?

    Si le vestibule est la pièce d'entrée d'une maison, c'est aussi la partie en forme de U qui entoure le vagin à l'intérieur des grandes lèvres. La vestibulite est une inflammation de cette « porte d'entrée ».

    Une douleur très intense et persistante lors de la pénétration, ayant comme conséquence une inflammation de la muqueuse et la contraction des muscles du périnée.

    La vestibulite n'est pas détectable lors d'un frottis et seul un spécialiste peut, à l'aide d'un coton tige, la détecter en appuyant sur... le vestibule.

    C'est le test « Q-tip » que vous pourrez reproduire chez vous.

    Ça touche qui ?

    Plus de 25% des femmes ont, auront, ou ont eu une vestibulite.

    Cette souffrance, qui n'est pas une maladie, peut quelquefois être psychologique mais reste un mystère pour la plupart des médecins qui ignorent ce symptôme.


    Les causes de la vestibulite

    Elles sont multiples.

    Aujourd'hui, aucun professionnel n'est en mesure d'indiquer sa cause exacte. Certaines femmes dites « primaires » ont ressenti des douleurs, dès leur première relation avec pénétration, ou même lors de l'utilisation d'un premier tampon périodique.


    Parmi les causes possibles : une prédisposition génétique, un nombre répété de mycoses ou champignons, un mauvais coup ou une chute, une agression extérieur comme une tentative de viol ou des attouchements non consentants...


    Dans certains cas, la présence d'une mère surprotectrice, la peur des hommes, un entourage où prime le « non dit » sur la vie sexuelle, peuvent provoquer la fermeture du muscle du vagin, comme une barrière.

    Idem chez les femmes proches de la ménopause, qui, ne lubrifiant plus suffisamment, ont souvent mal et se contractent.

    Ça se soigne ?

    Oui, en grande partie.

    On vient de le dire, une lubrification insuffisante, souvent par appréhension, amène une pénétration douloureuse. Les lubrifiants sont nombreux, n'hésitez donc pas !

    Enfin, limitez les rapports qui font mal, ceux avec pénétration, histoire de vérifier l'évolution du traitement. Limitez-vous à votre seule véritable envie... ou surtout à d'autres pratiques !


    Avant de recourir à certains extrêmes, (la prise d'antidépresseurs tricycliques ou d'anticonvulsants utilisés pour désensibiliser les nerfs), la solution vient, pour énormément de femmes, de la kinésithérapie et d'une rééducation périnéale. Grâce à cette kinésithérapie, les patientes - qui bien souvent connaissent mal leur sexe - sont désormais en mesure de localiser la douleur.


    Dans son cabinet parisien, Lucette Dubaut, kinésithérapeute spécialisée dans ce domaine depuis 6 ans, reçoit (avec son équipe) près de 250 patientes par semaine.

    Son but : le lâcher prise, pour que les femmes « puissent s'ouvrir comme des fleurs ». Elle ne muscle pas le périnée mais l'habitue à se relaxer.


    « Dans un premier temps, nous apprivoisons cette zone, avec la pointe de l'index, et nous travaillons le muscle contracté. D'abord par un simple massage sur la zone entre l'anus et le vagin et ensuite, par la technique du « contractée relâchée », nous redonnons à la femme la commande de son périnée ».


    Conseils pour gérer une vestibulite au quotidien

    Après la kinésithérapie (et même avant), il est indispensable de ne pas vous relâcher.

    Massez-vous doucement et progressivement la région du vestibule à l'aide d'un ou plusieurs doigts (20 minutes, chaque jour) et idéalement après une relation sexuelle, afin d'accélérer la cicatrisation de la peau. Un petit vibromasseur, avec lequel on pratique le même type d'étirements, peut également faire l'affaire.


    Utilisez pour cela, de l'huile pour bébé sans parfum, de l'huile d'amande douce, de l'huile d'émeu (un remède ancestral utilisé par les aborigènes d'Australie pour ses propriétés anti-inflammatoires et régénératrices), ou encore un peu de lubrifiant.


    Récemment, une patiente de Lucette Dubaut à découvert l'utilisation de l'huile corporelle au jojoba de Dermagor. Pas vraiment prévue pour ça, au départ, cette huile lui sert également de lubrifiant. Une totale réussite. Comme quoi chaque femme peut trouver « son » produit le mieux adapté.


    Rayon pratique, il faut savoir que lorsque l'on contracte, il faut que l'objet, ou les doigts qui se trouvent à l'intérieur du vagin, soient « aspirés ».

    Si doigts ou objet sont légèrement expulsé du vagin à chaque contraction, c'est que vous ne faites pas le bon mouvement et que vous « poussez » !

    Enfin, il faut toujours bien inspirer et expirer pour être détendue et ne pas contracter d'autres muscles en même temps.

    Autres Conseils...

    Certaines règles de vie ou d'hygiène peuvent également atténuer le mal : porter des sous-vêtements en coton blanc (pas de string), les laver avec une lessive sans parfum ni assouplisseur et sans ajout d'eau de javel. Éviter les vêtements trop serrés, utiliser du papier toilette blanc (là aussi sans parfum), et des serviettes périodiques en coton.


    Rayon tampon, n'hésitez pas à l'enfoncer le plus profondément possible, vous ne devez pas le sentir. Pour la toilette intime, (une seule par jour !) n'utiliser qu'un gel spécifique, que vous rincerez à l'eau. Ensuite, appliquer éventuellement une crème aux estrogènes.

    Et les hommes dans tout ça ?

    Le plus souvent patients et présents, 100 % des hommes subissent les maux de leur compagne, sans toujours comprendre. La culpabilité, ajoutée à la peur de faire mal, incite souvent monsieur à vouloir accélérer le rapport, entrainant parfois des éjaculations précoces.


    Frustrations, baisse de libido, séparations, sont malheureusement souvent aussi les conséquences de la vestibulite. Les hommes ont donc un rôle important à jouer, surtout autour de la confiance.

    Raison de plus pour consulter et surtout vous dire que faire l'amour doit être une partie de plaisir... et seulement de plaisir !

    http://www.cosmopolitan.fr/,sexe-la-vestibulite-un-mal-des-maux,2117,1044631.asp

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